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Travailler sur le commun et l’utile

1 octobre 2020

Par

Guillaume Aper

Directeur adjoint de la communication de JCDecaux, en charge de la communication interne.

 

Un interne, des publics

Le premier enseignement de cette crise, c’est l’émergence du collectif. Et comme le souligne Nicole d’Almeida, le « besoin des autres » qu’a fait ressortir ce travail à distance forcé s’est techniquement bien déroulé, puisque nous avons pu travailler et « faire tourner » les activités, mais il a aussi montré qu’on allait plus loin à plusieurs, que certains projets avaient un supplément d’âme quand ils étaient abordés « in real life ». La crise a fait émerger également que ce collectif recouvrait des réalités de travail bien différentes entre les métiers de terrain, exposés directement au risque sanitaire, et des fonctions supports, bénéficiant de la sécurité du confinement et du travail à distance.

Les communicants internes ont dû travailler sur cette coupure géographique, opérationnelle et symbolique au sein du collectif pour préserver la cohésion, qui, dans certaines organisations, était également entamée par le recours au chômage partiel. Une belle occasion pour ces communicants de ne pas être cantonnés aux outils et aux contenus, mais de mobiliser leur expertise du corps social, car, dans « communication », nous l’oublions un peu, il y a « commun ».

Le come-back de la com managériale ?

Pour le communicant interne, c’est aussi l’occasion de rappeler une évidence à ses dirigeants : il n’y a pas un interne mais plusieurs, et donc des publics, avec des attentes et des besoins différents. Du coup, le sujet si complexe de la communication managériale, c’est-à-dire l’implication des managers dans une communication de proximité avec leurs équipes pour expliquer, écouter, adapter… revient en force. Elle reste plus que jamais la communication la plus efficace et crédible, pour peu que les managers soient accompagnés étroitement par les communicants internes, mais aussi par les équipes RH. Car les organisations qui possèdent un binôme RH/Com fort ont souvent une communication managériale mieux enracinée.

Une parole régulière et cohérente

Par temps calme comme en période de crise, il faut préserver la fréquence des prises de parole des dirigeants. Ils sont plus que jamais un média qui parle à tous et à chacun, mais à une condition : leur parole doit être pertinente et cohérente. En clair, le dirigeant doit parler quand il a quelque chose à dire et sa parole doit être en parfaite cohérence avec les actions de l’entreprise. Sinon, gare à l’effet langue de bois. Cependant, comme le souligne Nicole d’Almeida, en période de crise, la communication se fait plus factuelle, allant à l’essentiel et, finalement, nous avons vu la langue de bois reculer, et c’est heureux. Mais cette parole, même portée par la visioconférence interne, est privée des vertus du « ici et maintenant » qu’apporte le fait d’être ensemble dans la même pièce : pour le dirigeant, sentir la salle, et pour les salariés, sentir la conviction, l’ambiance, les réactions des collègues…

Le sens de l’utile

Beaucoup d’entreprises travaillaient sur leur raison d’être avant la crise sanitaire et elles songent désormais à fonder leur communication sur la notion de mission ou d’utilité. Salarié d’une société qui a inventé son modèle économique, celui du mobilier urbain financé par la publicité, je sais que travailler pour une entreprise qui conçoit des produits utiles aux habitants des villes et aux citoyens apporte un supplément d’engagement. Quand nos équipes conçoivent et déploient des distributeurs de solution hydroalcoolique à Paris en moins de cinq semaines ou que nos emplacements publicitaires relaient les consignes sanitaires partout en France, nous obtenons un alignement parfait entre interne et externe, entre le discours et les actes : chaque salarié peut alors se dire « ma société est plus que jamais au service de la société ». Dans le cas de JCDecaux, ce n’est pas une posture née durant la crise : ce travail sur l’utilité pour le plus grand nombre (abriter, informer, orienter, rendre la ville plus confortable) est à l’origine même de l’entreprise.

A l’heure où chacun cherche à s’inventer une mission, JCDecaux n’a jamais perdu de vue la sienne. Un gage de cohérence en matière de communication et un sérieux atout pour donner du sens à chacun dans son travail.

Issu des Cahiers de la communication interne n°46

Guillaume Aper

Guillaume Aper est directeur adjoint de la communication de JCDecaux, en charge de la communication interne. Dans une organisation dont l’activité a été très fortement impactée par le confinement, il analyse ce que communiquer dans un univers incertain signifie. Il ouvre des perspectives pour que communiquer soit une action porteuse de sens, d’utilité, de vision partagée, de lien.

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