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Les Cahiers de la communication interne n° 22 : Communiquer sur les fusions/acquisitions

Cahiers de la Com
1 avril 2008

Éditorial

Les sciences humaines n’intéressent-elles plus les communicants ?

Le constat amer de Pierre Labasse face au faible nombre de participants lors d’une rencontre Afci sur le thème de l’apport de la sociologie à la communication appelle plusieurs remarques, suscitées d’abord par mon respect pour l’un des inventeurs, au sens fort du terme, de la communication interne.

La première : la coopération avec les sciences humaines et particulièrement la sociologie a souvent été préemptée par les Ressources Humaines, à travers des accords de coopération avec tel ou tel laboratoire ou équipe de recherche, des utilisations ponctuelles pour analyser des questions de fond touchant au fonctionnement, ou en acceptant d’être « terrains d’étude » pour la recherche. Peut-être certains communicants pensent-ils toujours que c’est chasse gardée…

La seconde nous interroge nous, communicants. Quand on ne se mobilise pas, c’est que l’on n’en voit pas l’intérêt… Beaucoup d’entre nous sont tétanisés par leur environnement professionnel : déferlantes des nouvelles formes de communication « interactives », interrogations sur le stress et la souffrance au travail, envahissement de l’interne par l’externe, déstabilisation par la rapidité et la complexité des déstructurations/restructurations d’entreprises, emballement de la communication politique, confusion du public et du privé… Nous avons d’autres chats à fouetter que réfléchir à l’apport de la sociologie à la communication !

Eh bien non, c’est le moment de nous poser une question simple, mais vitale : quels sont nos fondamentaux scientifiques, et surtout comment assurons-nous le lien permanent entre le matériel analytique et conceptuel qu’ils nous proposent et les pratiques que nous développons ? Sociologie, psychologie sociale, sciences de la communication : très certainement ceux qui « enseignent » la communication pourraient proposer mieux que moi un état des lieux des apports actuels de ces disciplines. Pour autant, ce ne serait pas suffisant. Nous devons aller plus en profondeur. Quand François Dupuy1, éminent sociologue des organisations, décrit la « fatigue des élites », qu’en faisons-nous alors même que l’on nous demande de faire des managers des acteurs du changement, des relais de la stratégie, etc. Quand Daniel Bougnoux produit sa magistrale « crise de la représentation »2, quelle vision nouvelle du métier de communicant en tirons-nous ? Quand Florence Osty et Marc Uhalde réactualisent l’analyse des « mondes sociaux de l’entreprise »3, comment communiquer sur l’accompagnement du changement sur lequel on nous demande de communiquer ? Trois exemples qui montrent le trou béant entre une élaboration scientifique riche et des pratiques de communication qui s’appauvrissent, tout en se parant d’une modernité de récupération.

L’Afci fait un travail de sensibilisation : analyses d’ouvrages (dont ceux des auteurs que j’ai cités), entretien avec Dominique Wolton… C’est un début, mais cela ne suffit pas, pour preuve le peu d’audience de la manifestation dont parle Pierre Labasse. Il faut aller plus loin et nous organiser pour faire collectivement ce travail de « passeurs » entre ce que nous disent ces scientifiques et notre vision du métier, de sa valeur ajoutée, de ses pratiques, et l’Afci est certainement le meilleur endroit pour le faire.

1 La république des idées, Seuil
2 La Découverte
3 La Découverte

Par

Jean-Marie Besse

Responsable du pôle Communication RH et Management Euro RSCG C&O et membre de l’Afci

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Les Cahiers de la communication interne n°22
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