Les Cahiers de la communication interne n°3 : Mutisme et débat en entreprise

EDITORIAL

Les ressorts de la communication interne semblent s’être brisés. On ne se parlerait plus dans les entreprises, révèle une récente étude de l’INSEE. Les très nombreuses interventions des membres de l’AFCI au cours d’un dîner- d é b a t consacré à ce problème l’ont confirmé. Elles en ont aussi fait ressortir les causes. Les directions mesurent leurs mots. Beaucoup par prudence, parce qu’elles sont incertaines de l’avenir ou craignent l’écho de leurs paroles à l’extérieur, certaines par cynisme, parce que le sentiment de leurs collaborateurs n’est plus leur priorité et qu’elles préfèrent finalement le modèle du mercenaire. De leur côté, les salariés se taisent, qu’ils aient peur d’émettre des opinions dissonantes ou qu’ils sentent l’inutilité de leurs avis. Mais leur aspiration à comprendre et à s’exprimer n’a pas disparu pour autant. Il en résulte chez eux une souffrance, qu’explore le psychanalyste Michel Tort. Pourtant cette situation n’est pas une fatalité. Recréer du débat dans le contexte actuel est possible, pour peu bien sûr qu’on en ait la volonté. L’expérience d’EDF GDF Services le prouve.

Si la nature même de la communication n’a pas changé, en revanche les moyens dont elle dispose et les terrains sur lesquels elle se déploie évoluent. Internet et nouveaux médias d’un côté, internationalisation, fusions et restructurations, euro de l’autre Intégrer la communication interne le plus en amont possible dans un projet de réorganisation et l’animer tout au long de son déroulement : c’est ce que montre l’exemple de l’Aerospatiale. Amener des salariés de nationalités différentes, qui ne soient pas seulement des cadre s dirigeants, à travailler ensemble au quotidien : c’est le sens des politiques de communication mises en œuvre par Dexia. Utiliser l’occasion fournie par l’euro pour “internationaliser” les esprits et les ouvrir aux réalités économiques de l’entreprise : c’est la voie qu’illustre le plan de communication élaboré par PSA.

Tous ces cas, présentés dans ce numéro, montrent que la communication interne peut tout à la fois contribuer à l’efficacité de l’entreprise et à la satisfaction de ses salariés. N’est-ce pas d’ailleurs sa vocation ?