Les Cahiers de la communication interne n°8 : Les fonctions de l’entreprise communiquent aussi…

Éditorial

La communication interne a-t-elle atteint l’âge de raison ?

Au début des années 90, on parlait de profession en crise : on avait du mal à positionner la communication interne dans l’organisation, à définir son domaine d’action ; on s’interrogeait sur sa spécificité, voire sur la nécessité de son existence. Il semble qu’à la fin de cette décennie une étape importante soit franchie. En tout cas, la période actuelle est marquée par la conjonction d’au moins trois facteurs nouveaux.

D’abord, des signes évidents montrent que la communication interne s’installe dans l’entreprise, comme une fonction aussi incontournable que d’autres qui, comme la qualité, l’audit, la logistique ont acquis droit de cité. Elle fait partie de l’équipement obligatoire de l’entreprise, à partir d’une certaine taille. Elle occupe, généralement, une bonne place dans l’organigramme, et ses titulaires sont des spécialistes reconnus. Le marché de l’emploi, très actif dans ce domaine, témoigne de la valeur que les entreprises accordent désormais à cette fonction. Par ailleurs, son rôle a changé. Si certaines de ses missions sont totalement nouvelles, d’autres, tombées en désuétude au cours de la période précédente, reviennent. Par exemple, on trouve fréquemment parmi les objectifs annoncés “la création d’une identité d’entreprise ou de groupe“, le ”renforcement du sentiment d’appartenance”, voire la “fidélisation du personnel”. C’est un signe des temps : après une décennie de restructurations, de fusions, d’acquisitions, les entreprises ont compris la nécessité de donner des repères et de recréer du lien pour regagner la confiance de salariés qui se sont éloignés d’elles… et qu’elles ont de plus en plus de mal à recruter ou à conserver !

Une autre mission opère un retour en force : c’est la gestion de l’information. Longtemps considérée comme réductrice et peu valorisante, on lui découvre aujourd’hui un enjeu majeur. Censés résoudre tous les problèmes et ouvrir des possibilités fabuleuses, les progrès technologiques qui sont intervenus au cours des dernières années sont à l’origine d’une situation inédite : l’information n’a jamais circulé aussi rapidement et en si grande quantité… et elle n’a sans doute jamais été aussi mal utilisée ! Les responsables de la communication interne deviennent aussi spécialistes de l’information. Pas du point de vue des moyens permettant sa circulation, son stockage et son traitement, mais du point de vue de sa valeur et de son usage. Ils doivent déterminer qui a besoin de quelle information, pour quoi faire, sous quelle forme pour être compréhensible, utilisable, porteuse de sens ? Bref, ils doivent faire que l’information devienne “connaissance”.

Le troisième changement concerne les pratiques et les façons de travailler. Le responsable de la communication interne ne peut plus travailler seul : il découvre le travail transversal, la gestion de projet, l’animation de groupes pluridisciplinaires. La mise en place et la gestion d’un intranet n’ont rien à voir avec le lancement et la gestion d’un magazine : c’est un projet qui concerne toutes les fonctions de l’entreprise et qui nécessite leur coopération. Le spécialiste de la communication interne devient un fédérateur d’énergies et de compétences. Il prend conscience que la communication n’appartient à personne, qu’elle est une fonction partagée que chacun, dans l’organisation, doit prendre en charge. Il découvre qu’il a beaucoup de choses à apprendre sur son propre métier en travaillant avec les autres. C’est pourquoi il nous a paru intéressant d’ouvrir Les cahiers à des représentants de fonctions qui ont été amenés à développer leur propre stratégie et leurs outils de communication interne.

À nous de savoir en tirer toutes les leçons…