Les Cahiers de la communication interne n°9 : Communication interne et changement dans le secteur public

Éditorial

Quelqu’un aurait-il prédit il y a dix ans que le secteur public deviendrait source d’inspiration pour les entreprises concurrentielles ? Dans le domaine du management pourtant, il est clair aujourd’hui que les échanges se font largement dans les deux sens.

Les administrations et les organisations sous tutelle ministérielle – qui souvent mènent des missions de production d’intérêt général – bougent. Elles bougent plus tard que le monde concurrentiel, tirées par lui et par l’évolution des attentes des citoyens, elles-mêmes influencées par l’attitude “orientée vers le client” des entreprises. Mais, le plus intéressant est que leur changement ne peut pas être piloté tout à fait de la même façon que celui d’organisations concurrentielles, car le jeu de contraintes qui pèse sur elles reste assez différent.

Sans entrer dans une analyse plus nuancée, disons d’abord que l’argent ne joue pas le même rôle : il n’est pas un critère de réussite de la mission, il n’est pas un outil essentiel de motivation des individus et des équipes. Ensuite, la mission étant d’intérêt général, chaque citoyen est légitimé à en juger l’exécution, même quand il est salarié du service public concerné, ce qui ne manque pas d’ouvrir considérablement le débat interne. Enfin, le statut même des personnels permet une liberté sinon d’expression, au moins d’attitude, plus difficile à assumer dans le “privé”, et ceci à tous les niveaux de la hiérarchie.

Alors, l’accompagnement du changement et l’un de ses outils les plus importants – la communication interne – prennent un relief d’autant plus grand. Ils doivent être en même temps plus subtils et plus intenses, plus souples et plus tenaces. Les quatre exemples présentés dans le dossier central de ce numéro portent témoignage de ce travail qui, parce qu’il affronte des situations plus contraignantes, prend valeur d’exemplarité.

En regard, les articles de Claire Leblanc sur la communication interne dans les entreprises de la nouvelle économie, et celui de Marjolaine de Ramecourt et de François-Marie Pons sur la communication interne vecteur de la stratégie, ramènent à des situations plus habituelles à beaucoup d’entre nous. Leur lecture est peut-être d’autant plus intéressante qu’elle peut être accomplie ici, en contrepoint des solutions développées dans le secteur public.

La variété des situations stimule l’imagination : ce numéro des Cahiers de la Communication Interne en est une illustration particulièrement intéressante pour notre profession.