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Les Cahiers de la communication interne n°23 : Si loin, si proches. Communiquer avec les équipes dispersées

Cahiers de la Com
1 novembre 2008

Éditorial

L’écologie de la communication est à inventer

Peut-on aujourd’hui, à moins d’être insensé, prétendre communiquer sérieusement sans rechercher le spectacle ou l’image choc, sans s’abandonner à l’art de la désinformation ou du mensonge délibéré, sans sacrifier aux vertiges de la démagogie, sans privilégier résolument au détriment du logos l’ethos ou le pathos selon ses capacités ? À entendre le bruit assourdissant ou les gesticulations débridées que nous délivrent quotidiennement les médias, il est permis d’en douter… La communication semble n’être qu’un champ de manœuvre toujours plus grand, sur lequel tous les coups sont permis. Le citoyen, le consommateur, l’épargnant et parfois le salarié en font les frais. Heureusement, il y a des instants où l’on respire, échappant à l’asphyxie des fumigènes : une parole vraie, un mot qui résonne en nous, un texte qui nous fait comprendre le pourquoi des choses, un témoignage d’humanité qui nous conforte. Et on se met à rêver à ce que serait une communication idéale. On parle aujourd’hui de « communication écologique ». Bien. Mais qui s’intéresse à l’écologie de la communication ? Il serait pourtant grand temps…

Tout cela pour dire, ou rappeler, que la communication se fait d’abord avec des mots et non des artifices. Ce sont eux qui parlent. Il y en a souvent qui sortent tout seuls : sur le temps qu’il fait, sur les stars des médias ou de la politique, sur les jeunes, sur la santé, etc. On pourrait s’en passer, ne serait le souci d’établir avec autrui une relation minimale. Mais il y en a parfois qui ne viennent pas. Si l’on s’entend répondre à un banal « Ça va ? » un « Non » inattendu, alors rien ne va plus. On ne sait plus quoi dire. Brutalement, face à l’autre, les mots nous manquent. Par exemple dans des circonstances extrêmes : le deuil, la souffrance, la détresse. Elles forcent à trouver un autre langage : une attitude, un geste, un regard ou parfois même le silence. Se taire est une forme de langage qui peut avoir du poids, un sens…

Mais ce n’est sûrement pas le cas dans la tempête économique actuelle. Il est vrai que les situations de crise rendent toujours la parole difficile. Elles supportent mal son ronronnement habituel, l’enchaînement de platitudes. Elles appellent une expression vraie, des mots qui éclairent, des discours qui réduisent l’incertitude et fassent comprendre la complexité du monde. La conjoncture économique que nous connaissons, lourde d’angoisses pour tous, devrait donc interpeller les communicants internes. Quelle attitude adopter ? Le silence, alors que nous sommes si volontiers bavards sur des sujets d’un intérêt pas toujours évident pour ceux qui nous attendent ? Sûrement pas ! La question nous est posée. Nous ne pouvons nous y dérober. La crédibilité de notre fonction, son sens, sont en jeu…

Par

Pierre Labasse

Président d’honneur de l’Afci

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