Les Cahiers de la communication interne n°29 : Réseaux sociaux d’entreprise: une révolution en marche ?
ÉDITORIAL
Les avantages du rond-point
Des similitudes existent entre l’évolution des pratiques de communication et celle de la circulation routière. La priorité à droite était autrefois la seule règle dans les croisements signalés par des panneaux simples. Chacun devait avoir ce principe en tête. Donc ralentir, vérifier qu’aucun véhicule n’arrivait sur la droite, puis passer seulement ensuite. Dans un contexte culturel comme le nôtre, c’était loin d’être le cas général. Il y avait ceux qui n’avaient pas vu le croisement, ceux qui pensaient avoir le temps de passer avant l’arrivée du véhicule ayant priorité sur eux, etc.
Avec la croissance régulière du trafic, cet état de choses entraînait la multiplication des accidents. On entreprit alors de « normaliser » la situation. On disposa des panneaux « stop » sur les routes secondaires de manière à protéger les plus empruntées et on installa des feux tricolores un peu partout. La présence de plus en plus fréquente de gendarmes aux principaux carrefours ne supprimait pas totalement les risques évoqués plus haut et, surtout, ce système provoquait des embouteillages qui incitaient certains automobilistes à des comportements irresponsables. Quelle correspondance avec la communication? Organigrammes compliqués et définitions de fonctions étroites, sans véritable rapport avec le fonctionnement réel de l’entreprise, chartes, codes, bibles, disparition de l’esprit d’initiative sous le poids de la hiérarchie…
Depuis quelques années, on assiste partout en France à la floraison des ronds-points. Le principe est simple: sauf exceptions, priorité aux voitures tournant autour du rond-point sur celles arrivant des axes convergents. L’existence du rond-point oblige tout le monde à ralentir. Ensuite chacun s’engage non plus en fonction de feux mais prend sa place en fonction de sa propre appréciation du trafic. Le système fluidifie la circulation tout en limitant les risques d’accidents. Il évoque, en communication, des acteurs responsables, maîtres de leurs décisions, cherchant à s’ajuster le plus intelligemment possible aux autres dans un cadre défini.
Finalement, est-il si absurde de penser qu’on communique comme on conduit ?