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Le récit de Barbara

Récits de métier
15 janvier 2025

Je trouve que dans le groupe, la communication interne est un sujet central

Barbara

Chargée de communication interne France d’un groupe industriel

Si je devais caractériser ce que je fais je dirais que mon rôle, c’est vraiment de réfléchir à ce que je vais pouvoir apporter de plus pour faciliter et pour répondre aux enjeux qui me sont exposés. On est une toute petite équipe, on est seulement deux, un et demi, je dirais, même plutôt : moi et une alternante. Mais on a l’appui de plusieurs prestataires qui nous accompagnent.

Dans les Unités, mes relais sont une trentaine de correspondants communication qui ont un poste, RH ou assistant de direction, avec un volet communication.

Je suis chargée de la communication interne d’un grand groupe industriel sur le périmètre du siège et des filiales françaises : 7 000 salariés répartis sur une vingtaine de sites. Je coordonne la communication interne France, sachant qu’il existe aussi une communication locale sur chaque site. Mon rôle est donc d’assurer la fonction communication interne pour la France et de coordonner les sites entre eux. Je suis intégrée au service développement RH rattaché à la DRH. La direction communication corporate, qui dépend de la DG groupe, est totalement indépendante.

Après un bac ES, économie et social, j’ai obtenu une licence de sciences sociales qui était très orientée sociologie du travail, anthropologie, économie… Peu après, j’ai pris goût à la communication en suivant, en alternance, un master communication RH. Même si j’avais un temps d’avance sur mes autres camarades du master qui n’avaient pas de connaissances sur les aspects sociologiques des organisations et de la communication au travail, ces études ont été un réel plus pour moi. Aujourd’hui encore, elles me servent pour comprendre les enjeux au sein de l’entreprise. J’ai en tête ces grilles de lecture des sciences sociales appliquées à la communication pour comprendre les réalités du terrain. Celles-ci sont quelquefois à forts enjeux en termes de communication interne. C’est vraiment top. Finalement, je suis très satisfaite de mon parcours de formation initiale.

Ma fonction : faire en sorte que tout se coordonne et fonctionne au mieux à l’échelle française

Mon activité tourne autour de la stratégie de communication interne du groupe pour la France, en adéquation avec différents projets et enjeux, qu’ils soient RH ou pas d’ailleurs.

Il s’agit de la mise en place de la stratégie fixée par le plan de communication annuel qui va être ensuite coordonnée avec l’ensemble des sites.

Ça va être aussi, à travers l’événementiel France, de créer du lien avec nos sites qui sont très souvent enclavés dans des zones pas très accessibles.

L’enjeu, c’est de créer un collectif. Et c’est assez complexe finalement.

Et puis, il y a toute la partie éditoriale, les campagnes que l’on peut lancer en communication écrite, vidéo, ou autre. Mes clients internes, finalement, ce sont naturellement les salariés, mais pas qu’eux. Les services vont avoir besoin de conseils ou d’appui du point de vue de la communication interne.

Je pense que c’est hyper intéressant pour moi parce qu’on se place alors dans une position centrale, pour coordonner ces projets.

Je trouve que dans le groupe, la communication interne est un sujet central. Et ça, c’est très plaisant. Je n’avais pas cette impression lorsque je travaillais dans une filiale du groupe, là où j’ai débuté.

Notre rôle est d’organiser, en liaison avec ma hiérarchie, des réunions régulières d’échanges de pratiques, plutôt sur Teams, pour coordonner le réseau.

On a deux types de réunions : des “descendantes” où on communique aux participants les grands axes et des “participatives”, avec un réel tour de table où chaque représentant de site intervient pour partager son actualité et ses bonnes pratiques.

C’est moi qui ai initié ces temps de coordination. C’est un peu ça aussi mon rôle : faire en sorte que toutes les unités se coordonnent et fonctionnent au mieux à l’échelle française.

Depuis trois ans, j’ai essayé de construire des liens privilégiés avec chacun des communicants sur site pour vraiment avoir avec eux une relation d’entraide : leurs retours me sont précieux et ils apprécient les miens. C’est hyper compliqué d’avoir des feedbacks de nos sites, de savoir ce qu’il s’y passe. Lors des tours de table sur Teams, certains n’osent pas parler ou font de l’auto-censure. Alors, en dehors des réunions, je passe des petits coups de fil, pas forcément prévus, à l’occasion d’un sujet qu’on a en commun. Je sonde ainsi les communicants de manière informelle. Pour créer une relation de confiance, il y a en fait énormément d’informel.

Sur Teams, il y a plusieurs choses qui ne passent pas : parfois de l’auto-censure, parfois de la peur de prendre la parole et de ne pas être pertinent, alors que chaque chose l’est.

Il y a aussi la possibilité de ne pas activer sa caméra, donc de faire autre chose en même temps, en étant moins impliqué.

En présentiel, il y a le non-verbal qui joue. Quand je présente quelque chose ou que je m’adresse à une personne, c’est important de voir comment elle réceptionne ce que je dis. Tout ça fait que Teams fonctionne, mais moins bien que le présentiel…

Je vois la différence quand je rencontre des communicants pendant des événements. On peut parler de plein de choses en très peu de temps.

Ce que j’apprécie le plus, ce qui me marque le plus, ce sont les événements sportifs qu’on organise à l’échelle France, soit à notre initiative, en tant qu’entreprise, soit en participant à des événements organisés par d’autres.

On invite des salariés de plusieurs sites à courir un 10 kilomètres, un semi-marathon ou un marathon. Je pense que ce type d’événement, au-delà de l’aspect sportif, est plutôt plaisant pour nos coureurs. Pas pour moi, parce que je ne cours pas, mais ça me va très bien d’être du côté de l’organisation.

C’est un temps où on met vraiment sur pause tout l’aspect professionnel, tout en ressentant qu’on fait tous partie de la même entreprise. On éprouve alors ce sentiment d’appartenance. Ça débloque tellement de relations entre sites et ça favorise de nouvelles rencontres.

Je trouve que ce sont des moments hyper forts.

Pour organiser de tels événements, il faut vraiment réfléchir à une stratégie de com’ sur plusieurs mois. Il faut que ça soit clair, percutant… qu’il n’y ait pas trop de mails.

Barbara, Chargée de communication interne France d’un groupe industriel

Je sais que l’événement a réussi quand les salariés me le font savoir le jour J, quand tout a bien fonctionné, ou parce qu’on a de plus en plus de participants d’une année sur l’autre, ou parce qu’un membre du Comex y a participé, qu’il a tenu à vivre un peu cette ambiance avec ce collectif.

Sur la base des retours, plutôt quali, que j’ai eus, je pense que ces événements sont appréciés en interne. L’évaluation quanti résulte de l’avalanche de likes et de commentaires positifs que l’on reçoit sur l’Intranet sur ce qu’on publie pour relater ce qui s’est passé.

Le DRH, mon N+2, est toujours au courant de ce qui se passe. Il participe même quelquefois aux événements. Il me fait toujours un petit retour. “J’ai entendu dire que ça s’était bien passé. Super”, etc.

C’est souvent du verbal, mais c’est très apprécié en interne.

Les supports incontournables : la vidéo et bientôt les podcasts

Côté supports de communication, on utilise de plus en plus la vidéo. Exemple : une campagne récente sur la diversité, sur le réseau Intranet.

Ce sont les salariés eux-mêmes qui ont réfléchi à cette campagne et ont joué des rôles devant la caméra. C’est moi qui ai filmé, avec mon téléphone, monté, etc. On a fait de cette manière une vraie campagne de cinq vidéos qui dénoncent les micro-agressions et les stéréotypes au travail. Ça a bien fonctionné parce que ça a fait discuter sur l’Intranet. Il n’y a pas eu que des commentaires positifs. Du coup, ça a fait parler et ça a agité les mentalités. Et surtout, certains managers se sont emparés de ces vidéos-là pour les réutiliser au sein de leur équipe. Et là, on s’est dit: “C’est bon, on a atteint l’objectif parce qu’il y a eu une communication plus importante au-delà de l’Intranet”. Les gens se sont emparés de ces vidéos qui ont été traduites par des filiales à l’étranger. La vidéo, c’est maintenant notre quotidien, beaucoup d’entretiens sont mis en ligne.

On va bientôt se lancer dans les podcasts. On s’est formées avec ma collègue. C’est mon nouveau défi pour 2025 : réaliser des podcasts plutôt orientés sur nos métiers et les mobilités.

J’envisage de faire des récits de vie de nos salariés avec un format plutôt orienté découverte du parcours de la personne. Mon alternante interviewera le salarié, plutôt une personne ayant eu des mobilités, avec son regard un peu externe, parce qu’elle ne connaît pas encore les métiers de l’entreprise. Ensuite, on les diffusera sans doute sur l’Intranet qui est l’outil le plus utilisé par les salariés… avec une ambition, mais ça, je ne l’ai pas encore validé, de les proposer à l’externe pour nos futurs candidats qui aimeraient en savoir plus sur les carrières possibles.

Ça m’arrive donc de bifurquer vers la com externe, toujours avec l’accord de la com corporate du groupe, évidemment. Mais avec l’ambition de répondre finalement à des enjeux RH quelque part. C’est de la com externe, mais qui va répondre à nos enjeux RH liés aux relations école. On est plutôt ici sur la marque employeur. De temps en temps, j’aime bien multiplier les enjeux.

 Une vision de la com interne

La communication interne répond à plein d’enjeux : rendre visibles des projets et des actions qui sont menées pour les salariés, favoriser la cohésion entre les salariés et contribuer quelque part à tout ce qui tourne autour du bien-être et de l’environnement de travail des salariés.

On peut faire énormément de choses, finalement. Et je l’ai compris en trois ans, là, sur ce poste. On peut faciliter la cohésion, partager des valeurs via des événements, favoriser la compréhension de certains sujets qui sont parfois un peu complexes, comme la diversité. Nous sommes certes chargés d’envoyer des messages, mais surtout de prendre en compte les attentes des salariés. D’abord pour envoyer le bon message et surtout pour favoriser la cohésion et la compréhension finalement globale de l’environnement de l’entreprise.

Pour moi, une journée qui se passe bien, c’est une journée où il n’y a pas d’embûche dans ce qu’on fait, et on fait plein de choses… On publie assez régulièrement des news, soit tous les jours, soit tous les deux jours. Les questions qu’on se pose : “Est-ce qu’on va avoir des retours négatifs ?” “Est-ce qu’il y a eu un dysfonctionnement qu’on n’aurait pas vu ?” Quand il n’y en a pas, c’est que ça se passe bien.

Une bonne journée, c’est aussi une journée où il y a moins de réunions. La communication, en principe, c’est en effet parler, échanger. Mais ce n’est pas que ça, c’est aussi beaucoup de travail en mode projet. Et malheureusement, il est vrai qu’une journée où on a beaucoup de réunions, souvent en visio, qui peuvent durer très longtemps d’ailleurs, ça laisse peu de temps pour la réflexion. Mes deux jours de télétravail par semaine me servent bien pour les temps de réflexion. C’est plutôt appréciable.

Donc, finalement, une journée qui se passe bien, c’est une journée où j’ai le temps à la fois de gérer mes meetings et tout l’aspect opérationnel de la communication et aussi d’avancer sur l’aspect réflexion sur les projets.

La réflexion, pour moi, c’est penser la stratégie. Qu’est-ce qu’on va publier pour éviter d’avoir tel retour ? Qu’est-ce qu’on peut anticiper ? C’est hyper important dans la communication. Quel outil on doit choisir ? Comment dire les choses pour éviter que tel sujet ressorte ? C’est aussi beaucoup se renseigner auprès des directions, parce que je n’ai pas la visibilité sur tout et je ne suis pas encore médium…

Je n’ai pas en charge la communication managériale, plutôt du ressort des RH. Pour nous, les managers sont des alliés. Pour eux, on va beaucoup développer des supports utilisables, des kits. Par exemple, pour la campagne Entretiens individuels, on a développé un kit pour accompagner le manager. Mon rôle, ça va être de réfléchir à ce kit de communication et de le réaliser.

Notre mission de com interne n’est pas toujours comprise. Certains n’appréhendent que ce qui est le plus visible : les messages, les supports. Mais il y a un monde invisible dans la communication interne. Mes collègues proches l’ont compris maintenant, parce que je leur donne de la visibilité sur tout ce qu’on met en place. Pour le reste des salariés, j’essaie de sonder pendant les événements de manière indirecte. C’est là que je me rends compte parfois que oui, ce n’est pas hyper clair pour eux…

Un projet me tient à cœur actuellement : publier un nouveau format de lettre interne qui serait percutant, comme l’était le format papier qui était jadis routé tous les deux mois avec la paye et qui a été numérisé depuis que les bulletins papier ont disparu.

L’objectif est de toucher les opérateurs qui consultent peu l’Intranet. 30 à 40% du personnel va peu sur l’Intranet et on les perd si on ne va pas au-devant d’eux.  On les touche actuellement avec les événements. On s’appuie aussi beaucoup sur nos correspondants communication locaux que nous alimentons avec des kits de communication comprenant des affiches et des documents papier dont je gère les impressions. C’est du travail supplémentaire, mais nécessaire pour toucher cette cible.

J’ai eu une expérience de travail sur le terrain qui me permet de comprendre  quelle est la réception sur place, quels sont les outils en place. Certains sites ont des écrans, d’autres non. Je sais, par exemple, que sur tel site, je ne peux pas faire de communication sur les écrans. Il faut que je cherche quelque chose d’autre pour les toucher. C’est vraiment la compréhension de l’environnement qui est importante.

Dans l’avenir, le paysage va forcément évoluer avec l’arrivée de l’IA. C’est un point d’interrogation. Je suis assez confiante quant au fait que ça va nous apporter du bon. Il y aura évidemment des limites…

Dans 10 ans, je me vois toujours dans la com interne. J’ai toujours voulu être autonome dans mes fonctions. Donc j’espère avoir développé alors encore plus d’expertise.

La com interne me passionne,  parfois trop…quand je rentre chez moi avec une tête grosse comme ça parce que les sujets dont je m’occupe me sont très (trop) chers.

J’ai toujours voulu faire un métier où j’aie de l’impact. Il faut juste croire en soi et aller au bout des projets. Je suis vraiment persuadée que les communicants ont de l’impact sur les gens et c’est hyper plaisant. Je me vois donc continuer dans la com interne.

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