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Le récit de Michel

Récits de métier
16 décembre 2024

Dans ce métier, ce n’est pas toujours facile, mais je pense qu’il faut oser.

Michel

Responsable communication interne d’une collectivité territoriale

Illustration de Bénédicte Tilloy : aquarelle représentant 2 hommes assis dans des fauteuils face à face. le 1er homme interview le second, il y a un appareil photo / une caméra sur pied entre les deux personnages. Le récit de métier de MichelJ’ai suivi un parcours assez homogène, ayant fait toute ma carrière dans la même collectivité. Après un BTS en « communication et action publicitaire » et des études de sociologie, je me suis vite rendu compte que l’intérêt général m’attirait davantage que le monde de l’entreprise. Ce n’est donc pas un hasard si j’ai rejoint une collectivité territoriale en 1998. J’ai commencé par un poste assez modeste, en tant qu’emploi jeune, pendant trois ans. Une grande partie de mon activité était rédactionnelle, notamment avec la gestion d’un journal à diffusion externe. Dès 2001, je suis passé à la communication interne, en occupant d’abord un poste de chargé de communication interne, puis celui de webmaster éditorial. Depuis 2010, je suis responsable de la communication interne, rattaché à la Direction de la communication – auparavant, cette fonction dépendait de la DRH.

Dans ma collectivité, il y a environ 7 000 agents permanents, et ce chiffre monte à 8 500, voire 9 000 avec les emplois saisonniers. Ces agents sont répartis sur près de 250 sites et couvrent 220 métiers. Ce n’est pas une question d’ego, mais nous manquons clairement de moyens humains pour une collectivité de cette taille. J’ai récemment échangé avec une collègue d’une autre collectivité, qui dispose de quinze personnes pour une administration de 9 000 agents. Ma philosophie est donc de faire le maximum sans viser l’impossible.

Un mélange de stratégie et d’opérationnel

Nos journées sont très variées. Notre principal média de communication interne, celui qui nous occupe le plus, est notre site intranet. Il représente un volume de travail conséquent, entre la rédaction et la publication des actualités, l’animation des commentaires et l’orientation des agents lorsque nous ne pouvons pas leur répondre directement.

Le magazine interne est réalisé par une autre équipe de la Direction de la communication, composée de journalistes qui gèrent l’ensemble des magazines de la collectivité, ainsi que les réseaux sociaux. Bien sûr, avec ma collègue, nous proposons aussi des sujets pour le magazine interne. J’aurais aimé en conserver la rédaction en chef, mais cela fait partie des choix organisationnels retenus, et finalement, cela se passe bien. Nous coopérons efficacement.

Une journée-type mêle toujours un peu de stratégie et beaucoup d’opérationnel. Il y a quelque temps, ma dircom m’a reproché d’être trop opérationnel et pas assez stratégique. J’ai répondu qu’avec si peu de moyens humains, il est indispensable d’être opérationnel.

Notre métier, c’est aussi de produire. Il faut savoir tout faire, et aucune tâche n’est ingrate. Ainsi, dans une même journée, je peux participer à des réunions stratégiques, rédiger des actualités, prendre des photos ou réaliser des vidéos. Parfois, il s’agit de renseigner des collègues, oralement ou par écrit. J’essaie de répondre de manière égale, qu’il s’agisse d’une demande de la Direction générale ou d’un besoin plus spécifique d’un agent, et je pense que les agents le remarquent.

Michel, Responsable communication interne d’une collectivité territoriale
Des liens forts tissés avec les agents

Grâce à notre ancienneté, ma collègue et moi avons pu développer de vraies relations de qualité avec les agents, en établissant une relation de confiance. Lorsqu’on travaille en communication interne, il y a toujours la question d’être perçu comme la « voix de son maître ». Ce genre de situation peut se produire, car il arrive que nous relayions des messages sur lesquels nous avons un regard plus critique. Mais, globalement, je crois que nous avons réussi à instaurer un dialogue sincère et une relation de confiance avec les agents.

Outre les grands événements, nous avons aussi d’autres occasions de rencontrer les agents. Par exemple, nous disposons d’un tiers-lieu dans lequel nous organisons, avec les services de la collectivité, des ateliers ou des présentations sur des sujets variés. Nous nous déplaçons également pour réaliser des vidéos de portraits métier pour nourrir notre marque employeur. Mon activité préférée reste l’accueil des nouveaux arrivants. En 21 ans, j’ai accueilli plus de 6 000 agents, animant jusqu’à dix sessions d’accueil par an. Ces journées d’accueil sont très ancrées dans la culture de la collectivité et comportent des moments conviviaux, comme un déjeuner, des visites et des présentations par des collègues passionnés, qui montrent les coulisses de leur service. C’est une belle occasion pour moi de créer des liens avec chaque nouvel agent.

Une anecdote personnelle me tient particulièrement à cœur. L’année dernière, j’ai été invité à recevoir ma médaille du travail pour mes vingt ans de service. Au départ, je regardais ce type de cérémonie avec un peu d’ironie, mais j’ai réalisé l’importance de ces moments de reconnaissance. Lorsque j’ai été appelé pour recevoir ma médaille, j’ai vu parmi mes collègues plusieurs personnes que j’avais accueillies vingt ans auparavant. J’ai eu droit à une belle ovation, et beaucoup sont venus me remercier pour leur accueil initial. Cela reste un souvenir très fort.

De la pédagogie et des convictions

Certaines directions et services sont pour nous des partenaires privilégiés : la direction générale, la DRH, un important pourvoyeur de contenu, et la DSI pour l’évolution de notre intranet. Pour les autres services, nous travaillons au cas par cas, selon les projets. Nous menons beaucoup d’initiatives liées à l’environnement, qui est central dans notre mandat, ainsi qu’à l’architecture et au patrimoine, avec de grands chantiers de réhabilitation et de rénovation énergétique. Ces projets nécessitent beaucoup d’accompagnement en raison des contraintes qu’ils génèrent pour les agents et les usagers.

Comme tout communicant, nous devons faire preuve de pédagogie. Dans presque 100 % des cas, dès le premier échange, on nous dit « il nous faut des affiches, des flyers, quelque chose de sexy ». Cela peut parfois être frustrant, mais il faut accepter que notre métier soit mal connu. Beaucoup de gens ont un avis sur la communication. Il est donc souvent nécessaire de remettre les choses en perspective. Ce métier nécessite de la pédagogie, et je pense que l’expérience joue beaucoup. Notre ancienneté dans la collectivité, à travers différents contextes politiques et projets, nous a permis de gagner en crédibilité. Par exemple, lors du confinement, nous avons créé un calendrier de l’Avent sur l’intranet, un petit projet participatif qui a suscité beaucoup de gratitude de la part des agents, car il maintenait le lien social.

Il est vrai que, parfois, nous devons batailler pour être intégrés. Je ne fais pas partie du Comité de direction et n’y participe que ponctuellement, ce qui peut compliquer les choses lorsque des décisions sont prises sans consultation préalable. Cependant, je m’efforce de partager mes conseils, même lorsque cela va à l’encontre de décisions déjà prises. C’est très important pour moi. Bien que cela puisse parfois nuire à mon image ou à mon évolution de carrière, je tiens à rester fidèle à mes convictions, en faisant preuve de diplomatie. Nous sommes aussi payés pour donner un avis argumenté, pas seulement pour exécuter. Cela n’est pas toujours facile, mais je pense qu’il faut oser.

Lors de mes études de sociologie, je m’étais beaucoup intéressé aux représentations du corps dans la publicité, un sujet qui reste très important pour moi. Les questions de sexisme, de stéréotypes de genre, et d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes me tiennent toujours à cœur. En 2016, nous avons lancé une campagne d’affichage contre le sexisme ordinaire. Cela reste une expérience unique, car j’ai pu m’engager sur un sujet de société allant au-delà de notre activité quotidienne. C’est lors de cette campagne que j’ai rencontré pour la première fois des réactions aussi vives, des soutiens enthousiastes comme des oppositions marquées, avec des affiches arrachées et des réactions virulentes, y compris de la part de collègues. Cela rappelle le chemin qu’il reste à parcourir et l’importance de s’engager. Je crois vraiment que les communicants, notamment internes, ont une responsabilité sociétale. La communication interne est un formidable espace d’engagement pour défendre des valeurs.

Pour retrouver l’intégralité des récits de métiers : suivez ce lien !

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