Les Cahiers de la communication interne n° 35 : RH et Communication au cœur du social
Edito
Un besoin de savoir(s)
Pour la cinquième année, l’Afci vient de remettre son Prix du livre et, pour la onzième année, son Prix du mémoire étudiant. Après Cynthia Fleury, Stefana Broadbent, Blanche Segrestin, Armand Hatchuel et Norbert Alter, lauréats des années précédentes, Isabelle Barth et Yann-Hervé Martin ont reçu le Prix pour leur livre La Manager et le Philosophe (éditions le Passeur). Le Prix des mémoires a, quant à lui, été attribué à Marie-Laure Denis, étudiante en master 2 à l’INSEEC, pour son travail sur « les utilisations excessives, voire abusives des outils TIC au travail » et à Céline Gaiffier, chef du service de communication interne du CEA, pour son travail dans le cadre de l’Executive master « Sociologie de l’entreprise et stratégie de changement » de Sciences Po sur le thème « Oser être un professionnel de la communication au CEA, récit d’une transfuge qui s’ignorait ».
À vrai dire, ce Prix a un sens tout à fait particulier pour l’Afci, celui de son engagement en faveur des sciences sociales. Il participe d’un ensemble d’actions et de démarches menées avec constance depuis déjà plusieurs années. En témoigne notamment la formation sur l’apport des sciences sociales à la communication. Elle a vu depuis 2010 plus d’une centaine de communicants faire retour à la sociologie, à la psychosociologie, à l’ergonomie, à la sémiologie, aux sciences de gestion et aux sciences de la communication. Le succès de cette formation ou des colloques organisés en partenariat avec l’APSE (Association des professionnels en sociologie de l’entreprise) en dit long sur l’appétence des communicants pour des savoirs en vue de l’action. Comme s’il fallait décidément autre chose que le prêt à penser managérial, la diffusion des « bonnes pratiques » ou le mode d’emploi des outils numériques.
Ce besoin de savoir(s) n’est pas de l’ordre de la distraction ou du supplément d’âme. Il renvoie à des enjeux de compréhension et d’interprétation tout à fait essentiels pour des professionnels confrontés non plus seulement à la transmission, mais à la relation avec toutes ses dimensions de lien, de sens et de confiance. Certes, nos métiers sont faits de compétences, de savoir-faire. Ils sont aussi, et de plus en plus, appelés à s’appuyer sur des savoirs, des connaissances, non pas pour « faire savant », mais pour agir dans la complexité des situations, des collectifs et des individus. On a besoin d’aller au-delà des seules pratiques professionnelles pour bien faire ce métier aujourd’hui. Bref, la prise de recul ou le « pas de côté » est sans doute encore un des meilleurs moyens de revenir au cœur des défis de l’entreprise. Et ce qui est vrai pour les communicants internes l’est également pour les RH et les managers. Le propos du livre d’Isabelle Barth et de Yann-Hervé Martin – sous forme d’un dialogue argumenté entre management et philosophie autour de questions telles que le courage, la performance, la reconnaissance, l’équilibre vie privée/vie professionnelle – nous donne en tout cas une belle occasion de nous arrêter un peu pour mieux comprendre.