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Les Cahiers de la communication interne N°41 “Demain, tous communicants…”

Cahiers de la Com
1 décembre 2017

EDITO

Le courage et la connaissance

Pour des raisons économiques au moins autant que culturelles, une communication plus partagée se développe en entreprise. Les managers, les salariés communiquent au quotidien ou en tout cas y aspirent  parce que leur métier contient une part croissante de communication. C’est vrai notamment dans l’immense secteur des services. De nouvelles interactions entre salariés ou avec les clients font bouger les lignes, parfois plus que nous le pensons. Le digital y est pour quelque chose, mais il n’est pas seul à y contribuer. Des dimensions sociales et culturelles sont à l’œuvre, avec des exigences de plus grande égalité dans les relations et de réactivité dans les échanges. Le travail change, la communication aussi… On peut en tirer au moins deux réflexions pour l’action. Plus la communication est partagée, plus les salariés en deviennent les acteurs, plus les contenus formatés et la langue de bois deviennent pesants et, pour tout dire, insupportables. Que faisons-nous concrètement pour les réduire, sinon les faire disparaître ? Par ailleurs, l’extension du domaine de la communication interroge notre métier. Que devient un métier consacré à la communication quand tout le monde, d’une manière ou d’une autre, communique dans l’entreprise ?

L’Afci a décidé d’aborder la question de la langue de bois. Nous n’avons pas vocation à nous transfor- mer en Don Quichotte. Nous savons les origines et les justifications de la langue de bois. Le moment est pourtant venu de faire reculer dans nos pratiques cette fausse sécurité qui plombe la communication à coup tantôt d’éléments de langage, de novlangue ou de formatage excessif des contenus. Le dernier numéro des Cahiers et encore récemment une rencontre « Grand Angle » ont ouvert le chantier. Le sociologue François Dupuy a mis le doigt sur une des causes de cet usage immodéré de la langue de bois : « Il y a une sur-utilisation de la langue de bois car on sous-estime la capacité des acteurs de l’organisation à accepter la réalité ». On la sous-estime car on a peur de « l’intelligence des autres », selon l’expression de Pierre Labasse. On la sous-estime car on ne fait pas l’effort de comprendre la logique de l’autre. Peur et méconnaissance nourrissent une communication fermée. D’où ce conseil de Bruno Scaramuzzino : « Communicants faites-vous un peu plus confiance, ne vous autocensurez pas. Osez dire non à la langue de bois ! » Et, par la même occasion, osez le dire aux dirigeants qui en abusent.

En faisant cela, nous faisons notre métier. Un métier qui prend aujourd’hui une nouvelle dimension dans un univers de communications étendues. Non seulement le métier ne disparaît pas, mais il voit sa légitimité renforcée dans la médiation, la régulation, l’équilibre en même temps que la production dans un écosystème encombré. Jean Rancoule le dit fort bien dans ce numéro : « Dans un contexte de communication partagée et distribuée, le communicant transmettra des savoirs, apprendra à communiquer et régulera des contenus surabondants ». Il le fera d’autant mieux qu’il connaîtra lui-même bien les acteurs en présence et les systèmes sociaux.

Le courage et la connaissance, voilà, au-delà même de nos compétences professionnelles, ce qui donne des raisons d’espérer dans l’avenir du métier de communicant en entreprise.

Par

Jean-Marie Charpentier

Rédacteur en chef

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